Bouillonnement
310 trillions de dollars américains n'est pas le montant de ma fortune personnelle, n'en doutons pas mais bel et bien le montant des sommes empruntées par le monde entier. Cette dette dans la dernière décennie a augmenté d'un peu plus de cent trillions. Qui dit mieux?
Selon l'économiste américain Arthur Lafer junior , tout cela va mal tourner. Les revenus suffisent à peine dans les meilleurs des cas à payer la dette amassée. Une centaine de pays va devoir couper dans le maigre: éducation, santé et sécurité sociale. Les autres pour sortir de la spirale d'endettement vont devoir être imaginatifs, bien au delà de la confection de chaîne de produits dérivés et des opérations repo des banques centrales.
Pendant ce temps. l'index SP 500 a atteint ce matin la barre des des 5,000. Traduit en langage accessible, cet index a comme fondation le SP500 "futures" une sorte de pari contractuel sur les gains ou pertes selon le cas, prévus pour x titres de l'index SP 500 pour un temps déterminé à l'avance. Ces nombreux paris s'effectuent sur des plateformes financières telles que ICME ou Micro-mini. En passant le SP 500 suit les les 500 plus grandes sociétés américaines. Et parmi ces entreprises suivies, sept ( Apple, Google, etc.) pèsent pour presque la moitié (47%) du poids financiers total ( 35 trillions$).
Pendant ce temps des gros chiffres, beaucoup de personnes dans le monde désertent les médias traditionnels. Le dégraissage en personnel de ces médias en est la preuve, sans compter les auditoires substantiellement à la baisse. Les gens, semble-t-il, veulent plus de nouvelles en direct, du croustillant par rapport à la réalité du pouvoir dans les officines et des explications concordant avec leur réalité vécue, fantasmée ou propagandisée. Les influenceurs font presque la pluie et le beau temps sur la toile internet. Certains sont honnêtes, d'autres beaucoup moins. Les journalistes qui investiguent se font de plus en plus rares.
Pendant ce temps et selon CBS, 45% des 18-34 ans sont devenus dépendant financièrement de leurs parents. Quant aux vieux, ils s'appauvrissent: rente partiellement indexé, logement inabordable, biens essentiels sous à la tempête inflationniste. Tout ceci est vrai tant en Amérique du Nord que sur les autres continents .
Pierrô
9 février 2024
photo de Constance Céline
Que te reste-il de la saveur des jours
une empreinte érodée
un savoir arrêtée au cadran de ta montre
une nostalgie de bon aloi
des images de l'ancienne loi
des rêves accommodés
des cris en berne
des sourires rentrés
Que fais-tu maintenant de ce qui te reste de temps
une temporisation en bottines feutrés
une dénonciation des jours passés
une recherche du temps perdu
des sentiments hollywoodiens
des masques de carnaval
des totems savants
des simagrées ad nauseam
Que seras-tu à l'avant dernier jour
un mort vivant
un drapeau cistercien
un ciseau éraillé
une prière en forme de macadam concassé
une sortie de secours
une transaction pour un billet de retour
une satisfaction béate
N'est-il pas venu l'heure de la révolte
Le sort n'est-il pas encore suspendu
Ne reste-il pas un bout de parchemin à lire
N'est-il pas encore le temps des cerises
15 décembre 2021
Pierrô
Le système de santé québécois est-il malade?
21 juin 2018
Rarement, je regarde la télévision. Beaucoup de marketing, avant pendant et après l'émission. Animateur jouant à la vedette montante ou descendante, téléroman aux rebondissements hollywoodiens, télé-journal et émission d'information rose bonbon ou à la saveur dramatique du jour.
Mais coutume ne rend pas toujours service. Me voilà devant le petit écran en train d'écouter les propos du réalisateur Denis Arcand lors de la dernière émission de Tout le Monde en parle du 6 mai 2018. Après quelques courtes pensées bien ficelées de l'invité vedette " le peuple québécois a évacué les valeurs catholiques pour la valeur de l'argent" "confort et indifférence du peuple québécois, c'est quelque chose que j'avais anticipé avant même le référendum perdu de 1980", on passe vite à la distraction de la catégorisation morale. Mais vous êtes don ben pessimiste...non je suis plutôt réaliste...je ne veux pas mourir seul dans une chambre d'hôpital avec trois étrangers. Nouvelle réplique de l'animateur Guy A. Lepage... un coup que l'on a passé le vacuum (la fameuse liste d'attente et son cérémonial bureaucratique, je suppose), on est bien soigné... je préfère l'hôpital italien ou français à ce compte là... oui mais...
Il est vrai que ce genre de joute verbale me distrait des discours télévisuels serinés sous un ton souvent complaisant et sur fond de scandale. Même dégout pour les démonstrations sur la rationalité économique ou sur l'efficience sociale des mesures x y z noyées dans le flot sirupeux des bons sentiments. Oui dégoût, même si on plaide souvent que cette dernière façon de faire a le mérite d'être plus digestible pour un petit écran de 41 pouces.
Diagnostic et propositions
Oui, oui, oui, c'est vrai d'un côté . Je reçois bien votre argumentaire, comme il se doit. Cependant cela n'empêche en rien de lire pendant les longues pauses commerciales quelques savoureux extraits de spécialistes qui ont se sont penchés à leur manière sur l'efficience sociale de notre système québécois de santé. Ne reculant devant rien, voici donc ce que j'ai pu glaner de la part de ces spécialistes, à droite et surtout au centre gauche pendant ces pauses commerciales:
- Sans une vision politique audacieuse et le courage d'élargir de façon innovante le système de santé national, la version canadienne de la couverture de santé universelle risque de devenir obsolète. Salle de presse, 23 février 2018 tiré de la célèbre revue The Lancet
- La société, elle doit mettre en place un ensemble de structures et rendre accessibles des moyens utiles pour soutenir l'individu afin qu'il sauvegarde sa santé... l'état providence au trop plein de pouvoirs, les coûts faramineux incontrôlables, la bureaucratie monstre, les coûts exorbitants des médicaments, leur surconsommation, l'absence des mesures préventives, l'environnement toxique en sont des exemples clairs. Gilles Lupien, Le Devoir, 10 janvier 2018
- La recrudescence des prescriptions est en grande partie redevable à la main mise de l'industrie pharmaceutique ( la prescription des antidépresseurs au cours des quatre dernières années est en hausse de 50%). Sébastien Houle, Groupe RCM, mai 2018
Mais histoire d'ajouter mon grain de sel, voici donc mes cinq propositions pour une amélioration significative de la façon de soigner les québécois en situation d'aide médicale:
- d'abord empêcher l'industrie pharmaceutique de faire la pluie et le beau temps dans le domaine de la santé. Leur placer dans les pattes une entreprise de vente et de mise en marché de médicaments sous la tutelle de la volonté de la nation québécoise.
- faire passer le statut d'entrepreneur à salarié tout médecin payé par l'ensemble des contribuables québécois.
- augmenter d'une façon efficiente et efficace les soins à domicile
- former d'une façon accrue les médecins tant lors de la formation initiale qu'en cours de profession en ce qui a trait à une médecine préventive innovante
- faire concerter l'ensemble des organismes OSBL qui s'occupe de la diffusion des pratiques en matière de santé préventive
Et ainsi les moutons seront bien gardés!
Pierro
Les rosiers sauvages de Monsieur Jacques Cartier
Le 18-07-2018
Imaginons quelques instants la deuxième traversée Transatlantique de Jacques Cartier en direction cette fois-ci du Fleuve Saint-Laurent. Nous sommes le 19 mai 1535 au départ de France pour cette longue traversée de cinquante et un jours. Cartier qui en a vu d'autres puisqu'il avait déjà navigué plusieurs fois en compagnie Gionami Verrazano, grand explorateur de la côte américaine, ne la trouve pas drôle cette deuxième traversée vers le Saint-Laurent. La brume, le froid mordant, les fortes vagues sapent la résistance physique et morale de la centaine d'hommes à bord de la Grande et Petite Hermine sans oublier l'Émérillon. La réserve de nourriture d'une quinzaine de mois et toute la marchandise apportée pour ce voyage prennent l'eau plus souvent qu'à leur tour. Souvent les marins ne peuvent pas allumer de feu à bord pour se réchauffer en raison de la mauvaise température. Les biscuits du matin c'est bien. Le potage du dîner fait de semoule de seigle ou d'avoine mêlée de fèves et de pois, c'est bien aussi une fois, deux fois, mais cinquante fois... On est loin ici du festin.. Ne parlons pas du confort sur ces voiliers d'à peu près 21 mètres de long. Ces marins d'eau salée ont peine à bouger tellement la marchandise apportée prend de la place à bord.
Toujours est-il que nos valeureux héros accostent le 10 août, fête de Saint-Laurent dans une petite baie de l'estuaire du Saint-Laurent nommé ainsi vous comprenez sans doute pourquoi. Mais pour ce qui est du nom de cette baie, ne me demandez pas son nom futur. Et ce ne sont pas les historiens racontant cette épopée qui le feront. Ceux-ci ne disposent en fait que de trois copies du récit de Cartier, publiée à Paris en 1545 à se mettre sous la dent. Dans ces copies, Cartier parle bien de cet endroit où l'équipage a fait relâche mais sans grand détails géographiques.
Pour satisfaire votre curiosité cher lecteur, je serai donc obligé de faire de "savantes" déductions. Procédons par élimination. D'abord, cette petite baie ne devait pas appartenir à l'estuaire fluvial du Saint Laurent car cette portion débutant au lac saint Pierre et se terminant à la pointe de l'Ile d'Orléans ne correspond pas à la datation relatée dans le récit du deuxième voyage. C'est en effet seulement en septembre que l'équipage atteint l'Île d'Orléans. Cela devrait donc être à quelque part dans l'estuaire moyen se terminant à l'île Verte puisque c'est à cette époque de l'année et dans cette portion moyenne du fleuve que des bélugas peuvent être aperçus, laquelle observation fut effectuée précisément par Cartier lors de cette fameuse escale. En raffinant un peu, je pourrais affirmer sans trop me tromper que les bélugas se tiennent davantage dans la partie ouest du fleuve moyen, c'est-à-dire dans la partie située entre Kamouraska et l'Île Verte. Pourquoi m'interdirais-je alors de penser que cette petite baie appartient au territoires actuels de Notre-Dame-du Portage, Rivière-du-Loup ou de l'Anse au Persil. Sur la rive nord, je pourrais songer à la Malbaie ou à Saint Siméon.
Voilà, nous y sommes en ce beau mois d'août 1535. Il a fait très beau en juillet de cette même année. Les fraises et les framboises ont été abondantes. Leurs feuilles sont grandes et vigoureuses. Demeurent encore au mois d'août quelques groseilles rouges pas très loin de la côte. Mais surtout pointent déjà les petits fruits des églantiers installés partout où le soleil est maître. En passant ces cynorrhodons rouges vifs sont connus depuis au moins deux millénaires par les gens d'Afrique du nord, d'Asie et d'Europe. Plusieurs peuples connaissaient leurs vertus thérapeutiques et fortifiantes. Jacques Cartier dont l'esprit se montrait d'une grande curiosité les connaissaient sûrement. Il devait être aussi émerveillé par l'églantier, petit arbuste qui s'agrippe si victorieusement à tout bord de mer pour peu qu'il soit ensoleillé.
Ce qui est moins certain c'est jusqu'à quel point il avait dépassé les préjugés de son époque quant au rapport avec les diverses sortes de plantes. L'on sait qu'au XVI siècle, la société dans laquelle avait grandi Jacques Cartier était extrêmement hiérarchisée, comprenant de haut en bas les éléments de moins en moins nobles : roi, duc, baron, petit noble, marchand, gens de métier, serf. Il en allait de même dans le rapport à la société végétale. Étaient très bien considérés les arbres fruitiers. Ceux-ci poussaient loin du sol, transformaient par leur sève " les humeurs froides et brutes de la terre". Les arbustes venaient en second dans l'échelle d'appréciation. Ils souffraient de leur proximité avec le sol rustre. Les carottes, raves et tous les légumes siégeaient dans la cave de l'appréciation sociale. Ils composaient les repas ordinaires des masses ordinaires.
Je me plais à penser que Cartier avait réservé une place toute particulière à l'églantier. Il devait à mon avis qualifier cet arbuste de rosier sauvage tant son port et ses fruits transformés en confiture appartenait à une catégorie à part, celle de beauté insolente mêlée au parfum non catégorisable de ses fleurs.
Pierre étienne